Parabole glaçante, le roman entre de plein pied dans la rhétorique des militants animalistes les plus contemporains. Jaroslav MELNIK la consommation de chair animale. Pour que la démonstration soit plus...
LireDans ce roman, les humains ont été remplacés par de nouveaux venus qui ont pris leur place et adopté l’ensemble de leurs coutumes.
Ces nouveaux maîtres vivent, à l’identique, la vie des anciens hommes – mais ils ont fait reculer ceux-ci dans la chaîne du vivant, donc dans celle de la domination et de la possession.
« Trois catégories d’hommes ; ceux qui travaillent pour nous ; ceux qui s’efforcent de nous tenir compagnie ; ceux que nous mangeons. Nous les traitons tous comme des êtres à notre service, que nous utilisons pour combler autant que faire se peut nos désirs (…) Nous sommes durs avec cette espèce sans doute, mais c’est pour le plus grand bien de la nôtre. » (p 125-126)
L’humanité a pris la place des animaux et en a reproduit les différentes catégories, en particulier celle de l’élevage pour la consommation et celle de la compagnie pour le loisir.
Les nouveaux venus mangent en effet l’homme d’élevage et jouent avec l’homme de compagnie, comme aujourd’hui l’homme contemporain déguste le bœuf, le mouton et le poulet, et s’attache au chat, au chien voire au lapin.
La fable est limpide mais puissante.
Un propriétaire s’attache à sa femelle humaine de compagnie et voudrait lui octroyer un statut de liberté. Cette quête est bien sûr impossible et se termine par la mort de la belle IRIS, jeune femme de compagnie, victime de trois braconniers qui la dégustent comme une bonne viande.
Les parallèles sont saisissants, en particulier quand il s’agit de décrire les élevages et les abattoirs,
« Dès qu’ils savent se tenir debout et marcher à peu près, on les transfère en camion ou en train, vers les fermes d’engraissage et ils y restent jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur taille adulte – treize ou quatorze ans pour les filles, quinze ou seize pour les garçons – c’est à dire leur poids d’abattage. (…) On les nourrit de tourteaux de soja, de farines de poisson, de purées auxquelles on mêle les antibiotiques et les sédatifs nécessaires. » (p 134)
Ce roman dystopique est clairement d’inspiration « vegan » et propose un nouveau statut de l’animal en utilisant une méthode classique, l’identification.
Il s’inscrit dans un courant récent de la littérature de la contre-utopie et va beaucoup plus loin que les textes plus anciens qui concluaient toujours à la suprématie de l’homme sur les espèces classées en dessous de lui dans la chaîne de l’évolution.
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