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LireC'EST LE COEUR QUI LACHE EN DERNIER | Margaret ATWOOD
Dystopie parodique, le dernier roman de Margaret ATWOOD mélange les genres. A la fois critique sociale, récit humoristique, description du futur médical, analyse psychologique, l’œuvre déconcerte quelque peu.
Dans un univers de crise économique, où les américains ruinés et chômeurs vivent dans leur voiture et tentent de résister aux agressions et de survivre à la pauvreté, une proposition sociétale et économique est offerte sous forme de publicité diffusée à la télévision.
Il s’agit d’intégrer une ville (« Consilience ») qui accueille le projet « Positron » au sein duquel chacun a un travail, mais seulement un mois sur deux. L’autre mois, les habitants le passent en prison où ils sont logés et nourris mais en contrepartie d’une activité salariée. Pendant leur absence, un autre couple s’installe dans leur logement et suit le même schéma double.
Le système fonctionne parfaitement et fournit le « bonheur », tant recherché, aux populations désespérées de l’Amérique moderne et paupérisée.
L’auteure résout ainsi les problèmes graves de la société (pauvreté, délinquance, criminalité…) et s’en amuse.
« Qui ne préfère pas un bon repas trois fois par jour, une douche qui ne se limite pas à un verre d’eau, des vêtements propres et un lit confortable, sans punaises ? (…) Au lieu de croupir dans un condominium désert peu à peu envahi par de la moisissure noire (…), on bénéficie d’un emploi rémunéré, de trois solides repas par jour, d’une pelouse à tondre, d’une haie à tailler, de l’assurance qu’on contribue au bien-être général et d’une chasse d’eau en état de marche. En un mot, ou plutôt en six : UNE VIE DIGNE DE CE NOM . » (p 67)
Bien sûr, les couples qui ne devaient jamais se croiser, se rencontrent et explorent les effets du désir exacerbé, en particulier sur la femme américaine.
Les choses se passent mal, évidemment, et l’envers du décor se dévoile peu à peu. Certains pensionnaires de la prison sont euthanasiés, les rencontres apparemment fortuites s’imbriquent dans un complot subtil, les dirigeants qui eux seuls peuvent sortir du complexe citadin/carcéral, développent une ambition industrielle majeure : vendre leur système partout en Amérique, mettre sur pied une fabrication rémunératrice de robots sexuels.
Le lecteur se perd progressivement dans les méandres d’une intrigue multiple et complexe à souhait qui se conclue par l’éclatement du projet et sa dénonciation.
La fin du roman, loufoque et décalée, met en œuvre des sosies d’Elvis Presley et de Marilyn Monroe et évoque les techniques de manipulation du cerveau. Ces dernières permettraient de s’aliéner définitivement l’amour total des êtres choisis. Un nouveau business, fidèle au credo du libéralisme économique, s’ouvre : la vente de l’amour absolu.
Margaret ATWOOD se divertit beaucoup dans ce dernier roman, au risque de déconcerter son lecteur.
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